Audition
à l’Assemblée Nationale en date du 22 septembre 2022 – Situation du
système d’inspection du travail, bilan et perspectives
Monsieur
Pierre DARHEVILLE, député des bouches du Rhône, membre de la commission
des affaires sociales de l’Assemblée Nationale, a invité les
organisations syndicales du ministère du travail à s’exprimer sur la
situation des services, le bilan du « Ministère fort », ainsi que sur
l’avenir des missions.
L’exercice ne portait que sur le champ travail, le champ emploi ne faisant pas l’objet de l’audition.
Etaient présents les syndicats FO, CGT, SUD, UNSA.
FO TEFP était représenté par Vadim HOSEJKA (DDETS Somme) et Laurent LEFRANCOIS (DDETSPP Dordogne).
Un état des lieux des services partagé par les organisations syndicales (non exhaustif) :
Le
manque de moyen humain est criant, il existe un agent du service
renseignement pour 56000 usagers (100 000 en Ile de France). Environ
1800 agents de contrôle sont affectés en section, 15 à 17% des sections
sont vacantes (jusqu’à 41% en Corse). Le ratio frôle désormais un agent
de contrôle pour 10 000 salariés. 141 sections ont été supprimées depuis
2011.
La
DRH a tardivement pris au sérieux la situation : peu ou pas assez de
recrutements. Pour le concours d’inspecteur du travail 2022, 398
candidats se sont présentés pour 200 postes, 200 ont été déclarés
admissibles à l’oral. Donc il y aura certainement moins de reçus au
final, augmentant la pression dans les services (intérims…).
Les
multiples réformes ont déstabilisé les services (RGPP, MAP, RéatE,
fusion des régions, OTE…). Le fonctionnaire « bashing » a également joué
son rôle, les services publics étant régulièrement critiqués. La
règlementation et le métier se sont complexifiés, le ministère est
devenu moins attractif (voire répulsif), les aspects statutaires et
indiciaires n’invitant pas vraiment à pousser les portes de nos
services. Et pourtant… Les agents aiment leur mission de service public,
et c’est leur sérieux et leur professionnalisme qui les poussent à
assurer au quotidien le rendu de service public.
Les
interrogations de Monsieur le député portaient sur le bilan du
Ministère fort, l’organisation du SIT, les effectifs, l’éventuelle
suppression des sections, les actions prioritaires comme objectifs à
remplir, les outils informatiques, l’action des unités de contrôle
spécialisées, les contrôles en binôme, l’intégration des CT qui le
souhaitent dans le corps de l’inspection du travail, le manque
d’attractivité, la formation initiale…
Il
va sans dire que sur le Ministère fort, l’ensemble des organisations
syndicales ont démontré le caractère contreproductif de la « réforme »,
démobilisant les services et agents. La politique du chiffre et des
objectifs a été dénoncée, ainsi que les pressions induites sur toutes
les strates hiérarchiques pour obtenir des « résultats » (la
« batonnite » en lieu et place de contrôles approfondis). Sans oublier
les RPS, tentatives de suicide ou suicides, mal-être, burn out…
Chaque organisation syndicale a été complémentaire des autres dans les constats.
FO TEFP a pour sa part développé son intervention sur les axes suivants :
– Le PLF 2023 verra- t-il une nouvelle diminution des ETP ?
– La fraude sociale estimée à 40 milliards d’euros annuels ne mérite- t-elle pas des recrutements massifs ?
– La GPEC au ministère du travail a été quasi inexistantes depuis des années
– Les agents du BOP 155 font l’objet de maltraitance institutionnelle
– Nous
demandons à minima l’application du ratio DGT de 2011, à savoir 1 agent
pour 6250 salaires en section, et 1 pour 5000 pour pouvoir assurer
pleinement la mission d’inspection.
– Afin
de pallier les intérims structurels, la position fonctionnelle de DA
inspectant doit être promue à grande échelle, plutôt que d’obliger les
agents de se positionner sur des postes de RUC (la revendication du DA
inspectant, promotionnée par FO TEFP depuis quelques années, semble être
désormais partagée par la CGT et l’UNSA également). Cette solution de
bon sens permettrait d’éviter de vider encore un peu plus les sections.
– Aucune
section ne doit être supprimée, garantie de l’attachement des agents à
un secteur géographique, les impliquant dans la connaissance des
territoires et acteurs de ce dernier.
– Non
aux « pools » de contrôle départementaux (des équipes d’agents de
contrôle sans affectation de sections), à la main des chefs de services
sur les axes d’intervention décrétés en haut lieu.
– Les
agents doivent être plus reconnus pour les motiver : un plan de
transformation de C en B massif (promis par Madame BORNE en tant que
ministre du travail, jamais engagé) ; tous les CT qui le souhaitent
doivent être promus IT, les négociations doivent reprendre sur la grille
du corps de l’inspection, la dernière revalorisation étant une sinistre
farce.
– L’indépendance de l’inspection du travail doit être défendu et promue.
Le
temps imparti étant court, l’ensemble des points n’ayant pu être
abordés, notre organisation syndicale a transmis à Monsieur le Député
ses observations techniques sur l’ensemble des questions posées.
Monsieur le député, extrêmement attentif à l’analyse et aux arguments de l’ensemble des organisations syndicales, s’est engagé à saisir le gouvernement sur la problématique du SIT, outillé par nos constats. Nous l’en remercions.