Intervention FO TEFP - Rassemblement intersyndical du 2 septembre 2024 à Périgueux

20 ans déjà ! Certains d’entre vous entraient seulement dans les services. Certains ont connu Daniel Buffière et Sylvie Tremouille et ressentent encore leur perte. D’autres encore suivaient  leurs études secondaires ou supérieures et n’ont pas connu ce terrible événement qui a bouleversé le l’histoire de nos ministères et de la MSA. Se remémorer, se rappeler, découvrir pour d’autres. Par votre présence, vous permettez tout d’abord que Sylvie et Daniel ne tombent pas dans l’oubli.

Par cette commémoration, nous nous rappelons douloureusement que nos métiers ne sont pas dénués de risques. Sauf qu’avant 2004, quand on parlait de risques, on ne pensait pas à potentiellement mourir en raison de nos missions. Ce double assassinat nous l’a appris avec effroi : oui, on peut être tué dans le cadre de nos missions parce que nous les exerçons.

Car oui, nos collègues ont bien été tués parce qu’ils effectuaient un contrôle, contrairement aux premières réactions suscitées par le drame par le pouvoir politique et la presse. Le ministre de l’Agriculture de l’époque osera même rapprocher l’assassinat de nos collègues des difficultés du monde agricole et non d’un geste froid perpétré par un employeur qui avait déjà été condamné deux ans auparavant pour travail dissimulé. Il ne s’agissait pas d’un fait simple divers dramatique mais d’un véritable fait de société, point d’orgue horrible de comportements agressifs envers les agents de contrôle chargés de faire appliquer le droit du travail et d’une délégitimation du droit social et notamment du Code du travail. Comment contrôler et faire appliquer une législation sans cesse attaquée ?


Commémorer, c’est se souvenir. Commémorer, c’est se rappeler. Commémorer, c’est aussi ne pas oublier des enseignements appris dans la douleur.

Quand le monde agricole s’est soulevé en ce début d’année 2024 contre des politiques qu’il conteste, c’est leur droit et nous partageons une partie de leurs revendications.

Nous sommes également attentifs au fait que leurs actions n’ont pas fait l’objet de la même répression que d’autres manifestations syndicales. Là où pour FO TEFP, nous ne sommes plus d’accords, c’est quand certaines lignes rouges sont franchies sans aucune réaction de l’État : le 19 janvier 2024, un bâtiment de la DREAL à Carcassonne est soufflé par une explosion. Le 25 janvier, un sanglier a été pendu et éventré devant les locaux des services de l’inspection du travail à Agen. Le lendemain, à Narbonne, ce sont les locaux de la MSA qui ont été incendiés.

Ce début d’année 2024 est marquée par des relents de 2004.

Pour FO TEFP, nous comprenons que le secteur agricole rencontrait et rencontre toujours des difficultés. Nous ne souhaitons faire aucun amalgame ou stigmatiser une profession. Il y a un gouffre entre demander des changements législatifs et ne plus vouloir être contrôlé. Se sont les agissements de quelques-uns, souhaitant faire de leurs exploitations des zones de non droit que nous dénonçons.

Les lignes rouges (avertissement pour intimider les agents de contrôle) prônées par exemple par une organisation d’exploitants agricole doivent disparaître. Nous avons nos lignes rouges et elles sont républicaines, celles de l’État de droit, de la démocratie et de l’égalité de toutes et tous devant la loi.

Nos services le doivent pour les salariés qu’ils travaillent (ou non d’ailleurs) dans le secteur agricole. Vérifier que les salariés touchent le SMIC horaire, que leur salaire net et leur salaire différé soit versé, que leurs heures soient payées, que les saisonniers soient hébergés dans des conditions décentes, est-ce illégitime ?

Il y a un gouffre entre demander de législation et ne plus vouloir être contrôlé. Et c’est pourtant cette dernière revendication qui a reçu une écoute attentive du gouvernement. Un État qui ne prend même pas la peine de défendre ses agents et leurs missions, cela en dit long. Ne pas réagir, c’est acquiescer. Quelle sera la prochaine étape pour cette minorité de manifestant ?

Pour FO TEFP, nous n’oublions pas Sylvie Trémouille et Daniel Buffière. Nous nous rappelons bien ce pourquoi ils ont été assassinés. Nous ne voulons pas d’un nouveau Saussignac, plus jamais !